Dans le bâtiment, la fonction « clos
et couvert » protège des éléments extérieurs ; en quelque sorte, elle
barre l’entrée aux nuages. Pour autant un autre nuage, le « cloud »
anglais et son cortège d’applications et de big data, est en train d’y entrer
massivement, par diverses portes et fenêtres.
Une brève revue, à quelques
jours du salon international de l'immobilier, le MIPIM.
Le souhait de connecter des
objets (l’Internet des objets –
Internet of Things – IOT), pour un opérateur donné, passe le plus souvent par deux
analyses successives qui portent sur :
- L’identification des activités (et des objets qui y sont associés) auxquelles les gens consacrent du temps,
- La pertinence de connecter ces dits objets pour en faire des plates-formes de distribution de l’offre de l’opérateur en question.
On comprend bien que
l’environnement bâti, à toutes ses échelles (de la ville au logement, en
passant par le bâtiment), dans lequel les occidentaux passent plus de 90% de
leur temps, est un univers tout indiqué pour ce type de réflexion.
Livrons nous à un exercice de
zoom progressif, en commençant par la ville pour aller vers le logement.
Tous les grands acteurs de la
gestion de l’énergie, des réseaux, des logiciels et des services associés ou
les majors du BTP s’appuient sur le rapide développement du numérique, associé
au partage et à l'ouverture croissants des données pour se positionner sur le
sujet de la ville intelligente/rusée (la smart city),
dont le modèle économique reste, pour autant, en grand partie à écrire.
C’est ainsi que, sans aucune
prétention à l’exhaustivité, on retrouve dans la liste de ces acteurs, côte à
côte et souvent en complémentarité, des opérateurs traditionnels de la ville et
de nouveaux entrants : Veolia, Engie, EDF, Vinci, Bouygues, Siemens, Schneider Electric, Cisco, IBM, Google, General Electric et
sa plate-forme Predix.
La conception des bâtiments
évolue vers un recours accru à la maquette numérique collaborative (BIM) et, là aussi, les éditeurs classiques de logiciels (calcul,
dessin) pourraient trouver face à eux des acteurs de l’Internet. C’est ainsi
que l’on peut se demander vers quoi tendra l’évolution d’un logiciel comme
SketchUp ?
La conception des bâtiments,
pour le moment, est moins concernée par l’Internet des objets.
En revanche, tout ce qui est
relatif à la gestion (en particulier sur le plan énergétique) du bâtiment
illustre ce qui figure en préambule. S’y retrouve les acteurs classiques de
l’énergie, des services énergétiques et de la domotique aux côtés de nouveaux
entrants désireux de bâtir des plates-formes pour véhiculer leurs offres.
Nombreux sont les angles
d’attaque investigués, à la recherche du point d’entrée qui répondra à un vrai
besoin et permettra à l’application–clef d’ouvrir de façon exponentielle ce
marché considérable. S’agit-il de faire migrer vers la télévision ou la
box l’ensemble des données
domotiques, d’installer des compteurs permettant de faire de l’effacement énergétique diffus, de connaître finement ses consommations pour mieux les réduire, d’améliorer
la qualité de l’air intérieur,
d’informer sur la météo et la concentration en
gaz, de régler la température des pièces, de détecter les intrusions, d’éclairer, d’ouvrir la porte ?
La liste pourrait être prolongée,
presque ad libitum.
Il est à noter que si l’opération
de numérisation, de création massive de données, partagées, et d’exploitation
qui en découle, est essentiellement privée, elle peut également être portée par
le secteur public, comme l’illustre l’initiative étatsunienne Green
button, qui pourrait faire des émules.
Pour s’assurer que leurs
produits / systèmes /services parviennent bien jusqu’au logement, certains
acteurs n’hésitent pas à enrichir leur métier premier, par exemple en câblant de fibre optique des villes entières ou encore en construisant
des maisons qui servent alors de réceptacle à une offre de produits et services numériques et connectés.
Les métiers de l’industrie
immobilière (investissement, financement, promotion, location, vente, achat …)
n’échappent bien entendu pas à la vague numérique.
En effet, le poids de cette
industrie étant évalué, à l’échelle mondiale, à quelque 2200 G€, celle-ci se
montre particulièrement attractive. De plus, le nombre important d’acteurs, le
long de la chaîne qui la structure, laisse assez naturellement à penser que de
la désintermédiation numérique y est possible.
C’est ainsi que plusieurs
plates-formes se positionnent en complément, voire en substitution du rôle tenu
par certains acteurs. Elles mettent à disposition l’information, devenue une commodité,
et, ce faisant, donnent de la fluidité à des stocks historiquement plutôt
rigides.
C’est ainsi, par exemple, que :
- Le défi auquel les agences immobilières traditionnelles sont confrontées est bien connu et que celles-ci réagissent, voire créent une place de marché. Les notaires sont également concernés par le sujet de la désintermédiation, ne serait-ce qu’à travers l’essor de la « chaîne de blocs » (« blockchain »), et développent des plates-formes, tout comme les acteurs de la gestion locative.
- Le financement participatif prend des formes variées, ceci tant pour les emprunteurs que pour les investisseurs. Les géants de la promotion immobilière suivent de près ces évolutions, par exemple en créant des fonds d’investissement dans des start-up afférentes.
- L’innovation apportée par Airbnb dans l’hébergement (lequel donne d’ailleurs naissance à des « hybrides » entre son modèle et l’hôtellerie/conciergerie traditionnelle) trouve des équivalents dans la location de bureaux, de boutiques, de centres commerciaux, d’espaces, de places de stationnement.
- La vie sociale locale, et tout son potentiel d’économie du partage, s’enrichit grâce au développement d’applications, comme celle-ci qui porte sur une meilleure connaissance de son voisinage.
- D’une manière générale, l’ouverture progressive des données disponibles fournit des informations utiles à la prise de décision. Ainsi a-t-on accès à la carte des rues bruyantes de Paris ou à la distribution spatiale des crimes à New York.
Nul
doute que le prochain salon du MIPIM, qui
l’an dernier avait déjà consacré une série de
conférences au sujet, nous présentera de nouvelles perspectives sur la
transition numérique au sein des secteurs de la construction et de
l’immobilier.
Pour aller plus
loin :
- Le cycle de conférences « les barbares attaquent », organisé par Thefamily, est de grande qualité
- Article du Journal du Net sur les prix de l’immobilier, en France et dans le monde
- Programme de l’édition 2015 du MIPIM
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