Le recours,
volontairement croissant, à des sources
d’énergie renouvelables et, le plus souvent, intermittentes accentue le
déphasage temporel entre la production d’électricité et sa consommation. Cette fragilisation de l’équilibre entre
l’offre et la demande d’électricité induit une augmentation du besoin de
stockage temporaire de cette électricité, ceci à plusieurs échelles de temps.
Il est à noter
que contribuer à une bonne intégration des énergies renouvelables
intermittentes dans le portefeuille des sources d’énergie n’est pas l’unique
fonction du stockage, lequel peut également contribuer au lissage de la charge,
à la fonction secours et au maintien de la qualité d’alimentation.
À ces aspects techniques
s’ajoute une dimension économique puisque la volatilité du marché de
l’électricité crée des opportunités pour ceux qui ont la possibilité de la stocker
(industriels, collectivités, particuliers), ceci dès lors qu’existe un
environnement réglementaire suffisamment clair pour apporter la confiance nécessaire
aux acteurs désireux d’investir.
Les paragraphes
qui suivent font un point rapide sur les technologies de stockage, matures ou
en développement, et renvoient vers des sites de qualité permettant
d’approfondir les sujets.
Nous nous
concentrons sur les moyens de stockage permettant de restituer de
l’électricité, aussi les techniques dites « power to gas » (production
d’hydrogène par électrolyse, production de méthane par méthanation) ne sont-elles pas abordées.
Les techniques de
stockage relèvent de plusieurs grandes familles : celui-ci peut être mécanique
(STEP : Stations de Transfert d’Énergie par Pompage, volants d’inertie),
thermodynamique (Air comprimé : CAES pour Compressed Air Electricity Storage), chimique (H2 obtenu
par électrolyse, pour combustion ultérieure dans une pile à combustible), électrochimique
(batteries), électrostatique (super condensateurs), magnétique (boucles de
courant dans des matériaux supraconducteurs : SMES pour Superconduction magnetic energy storage).
Aujourd’hui, avec
une capacité installée à l’échelle mondiale de l’ordre de 140 GW, les STEP
représentent l’énorme majorité (≈ 99%) des capacités de stockage. À noter l'offre récente, et appelée à un grand avenir, de micro-STEP urbaines intégrées, portée par la société Nature & People First.
Viennent ensuite les CAES conventionnels (≈ 440 MW) et les batteries Sodium-Soufre (≈ 300 MW). Source : feuille de route de l’Agence Internationale de l’Énergie sur le stockage, 2014.
Viennent ensuite les CAES conventionnels (≈ 440 MW) et les batteries Sodium-Soufre (≈ 300 MW). Source : feuille de route de l’Agence Internationale de l’Énergie sur le stockage, 2014.
Ces divers
procédés de stockage de l’électricité sont à des stades de maturité
technologique variés. De la même façon, leur intensité capitalistique et les
risques technologiques associés à leur développement varient-ils d’un cas à
l’autre.
On trouve en page
16 de la publication de l’AIE précitée un intéressant graphique qui, le long de
ces deux axes, positionnent les procédés de stockage (d’électricité et
thermiques). Ce graphique est reproduit ci-dessous :
Il est enfin
intéressant de comparer les caractéristiques techniques et économiques des
procédés de stockage de l’électricité même si, dans bien des cas, les valeurs
ne sont qu’indicatives.
Technologie
|
Positionnement
|
Durée du stockage*
|
Capacité
|
Puissance
|
Efficacité %
|
Investissement initial (US $/kW)
|
Durée de vie
|
STEP
|
Production
|
Long
|
1 à 100
GWh
|
100 MW à
1 GW
|
50 à 85
|
500 à 4500
|
>40 ans
|
Air comprimé
|
Production
|
Long
|
10 MWh –
10 GWh
|
10 à
300 MW
|
30 à 70
|
500 à 1500
|
>30 ans
|
Batteries
|
Production & consommation
|
Distribué, hors grille, court
|
< 100
MWh
|
< 10 MW
|
75 à 95
|
300 à 3500
|
2000 à 10000 cycles
|
Chimique H2
|
Production & consommation
|
Long
|
10 kWh à
10 GWh
|
1 kW à
10 MW
|
20 à 50
|
Grande variabilité selon les sources
|
5 à 10 ans
|
Volant d’inertie
|
Transport & distribution
|
Court
|
5 à 10 kWh
|
1 à 20 MW
|
90 à 95
|
150 à 500
|
100000 cycles
|
Super condensateurs
|
Transport & distribution
|
Court
|
1 à 5 kWh
|
10 kW à
5 MW
|
90 à 95
|
150 à 500
|
500000 cycles
|
Magnétique (SMES)
|
Transport & distribution
|
Court
|
1 à 10 kWh
|
10 kW à
5 MW
|
90 à 95
|
150 à 500
|
<30 ans
|
*Les éléments sont pour l’essentiel issus de la feuille de
route de l’AIE, précitée (voir en particulier le tableau 6, page 18).
La question du stockage à l’échelle
de la ville, du quartier, voire du bâtiment se pose légitimement.
La raison en est simple : le
secteur du bâtiment est le premier poste de consommation
énergétique (plus de 40% en France) et, en même temps, il peut être le support
de capteurs d’énergies renouvelables. C’est là toute a logique sous-jacente à
la future réglementation bâtiment responsable
2020 (RBR2020).
C’est ainsi que consommation et production se rejoignent géographiquement et,
du fait qu’elles sont temporellement décalées, impliquent le recours au stockage. Le
réaliser localement permet des économies de transport d’électricité
substantielle.
L’annonce faite récemment, sur le
sujet, par la société Tesla
a été abondamment relayée par les médias. Il est fort probable qu’elle sera
suivie d’autres, tout aussi innovantes, compte tenu des enjeux.
Pour aller plus loin, quelques sites
pédagogiques ou exemples de réalisation :
Stockage gravitaire
|
Stockage thermodynamique
|
Stockage électrostatique
|
Stockage inertiel
|
||
STEP souterraine
Système de transfert d’énergie
par lest maritime
|
-
isotherme de surface
-
isochore adiabatique souterrain
-
isobare adiabatique de surface
Stockage
-
hydro/oléo-pneumatique
-
par pompage thermique
|
Électrolyse alcaline
Électrolyse PEM (Polymer electrolyte membrane)
|
Batteries :
-
Plomb-Acide
-
Nickel-Zinc
-
Métal-Air Zinc
-
Sodium-Souffre
-
Sodium-Nickel Chloride
à circulation
-
Zinc-Bromine
|
Super condensateur
|
Volant d’inertie
Basse Vitesse
Volant d’inertie Haute Vitesse
|
Par
ailleurs, sur le site Internet d’Enea consulting, on trouve une étude de grande
qualité sur le stockage d’énergie. De même, sur le site de l’ADEME, une étude sur le potentiel du stockage d’énergies.