Sapiens, le remarquable livre de Yuval Noah Harari, dans ses
chapitres consacrés à la révolution agricole montre comment l’agriculture
naissante, en rendant sédentaires les nomades, a donné naissance aux villages
puis aux villes.
Aujourd’hui, par
une sorte de symétrie, ce sont les villes qui, ici et là, en réponse à des
besoins et motivations variés, produisent en leur sein des formes expérimentales
ou abouties d’agriculture, urbaine.
Cette agriculture
urbaine et périurbaine peut chercher à satisfaire des besoins vitaux (un sujet
sur le lequel l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture – FAO – attire l’attention depuis longtemps et dont les organoponicos cubains sont un exemple connu) ou, de
façon moins pesante, à permettre à l’Homo sapiens qui se cache derrière tout
citadin de reconnecter avec un environnement et des pratiques de cueilleur dont
son ADN garde la mémoire.
Dans tous les
cas, elle permet de faire un bref tour du monde de quelques approches et
expériences. Celui-ci est nécessairement réducteur tant sont nombreuses les
initiatives et en forte accélération le nombre de celles-ci.
La mairie de Paris s’est fixé l’objectif de végétaliser
cent hectares
de façades et de toitures à l’horizon 2020, dont un tiers sera
consacré à l’agriculture urbaine. À cette fin, elle a lancé en avril dernier un
appel à projets qui s’inscriront sur une grossequarantaine de sites,
d’une surface totale de 5,5 ha, mis à disposition par des acteurs publics et
privés. Les projets de ces « ParisCulteurs » seront
connus à l’automne 2016.
Ils ne
défricheront pas un terrain vierge, si l’on ose dire, puisque des expériences
préexistent avec succès comme, par exemple, la ferme urbaine de la Recyclerie
(18ème arrondissement), 1000 m2 où se côtoient un
potager, des poules, des poissons (aquaponie), des abeilles, des
vers de terre (lombricompostage)
et autres éléments de la biodiversité.
En matière
d’aquaponie, la référence est probablement à chercher à Berlin, à Eco Friendly Farm qui produit quelque trente tonnes de
poisson (perche) et autant de légumes variés, par an.
Si les toitures
plates peuvent être végétalisées en l’état, elles peuvent aussi accueillir des
serres qui vont permettre d’étendre la période de culture et d’élargir la
palette des plantes cultivées. C’est l’approche retenue par les fermes Lufa, en hydroponie, au Québec.
À New York, dans les quartiers du Queens
et de Brooklyn, la Brooklyn Grange Farm, ouverte en 2010, exploite 10 000 m2
de toits de bâtiments industriels en agriculture biologique.
À Singapour, où l’espace cultivable est
rare, la société Sky Green a développé un système de ferme verticale,
efficace et adapté à ces contraintes d’espace. Il ne s’agit plus là d’exploiter,
au sens agricole du terme, des faces de bâtiments dédiés à d’autres usages mais
d’insérer dans le tissu bâti des ouvrages dont la seule fin est la production
intensive de fruits et légumes.
Quelques liens
ci-dessous permettent de continuer à se promener au milieu de ces initiatives
qui dessinent certains aspects de la ville de demain.
Pour prolonger :
La révolution de l’agriculture urbaine, Jennifer Cockrall-King
Remuer la terre, c’est remuer lesconsciences, réalisé par Éric
Oriot
LesPotageurs ; Topager ; Les Urbainculteurs
Reportage d’Arte sur l’Eco Friendly Farm.
Vingt-cinq illustrations de végétalisation et de fermes
urbaines dans le monde.
Dickson Despommier -- The Vertical Farm
Fermes urbaines verticales – Arte
Intervention de Mohamed Hage, fondateur des fermes Lufa, à Montréal
Un cycle saisonnier à la BrooklynGrange Farm
Reportage du magazine Géo : Agriculture
urbaine : l'avenir de l'agriculture verticale en 5 questions