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À l’instar de la
quasi-totalité des secteurs d’activité, celui de la construction, et en
particulier son volet bâtiment, sera (est déjà) soumis à des évolutions
profondes de son modèle économique, induites par l’essor du numérique.
La dimension
matérielle de l’activité (le « brick and mortar » des Anglais) la
protège sans doute des « révolutions » auxquelles sont soumis
certains services (hôtellerie ou taxis, pour citer des exemples largement documentés).
Pour autant, les lignes bougent d’ores et déjà, engendrant opportunités,
appétit et craintes.
Bien malin qui
peut dire aujourd’hui quelles seront les plus significatives parmi ces
« disruptions ».
Cependant, en croisant les déterminants qui structurent
ce secteur avec la typologie des innovations proposées aux divers concours et
compétitions et en observant les acteurs, dont nombre de nouveaux entrants
(éditeurs de logiciels, analystes du big data, spécialistes des services en
ligne), qui tournent autour de ce marché (~125 G€ /an en France), à la
recherche du bon angle d’attaque, on peut tenter un petit exercice de
préfiguration.
Le numérique
recompose la chaîne de valeur et modifie le poids économique relatif des
acteurs traditionnels.
Le schéma de cette recomposition est stable d’un secteur
d’activité à l’autre, construction comprise.
Il s’opère en
deux temps, en commençant par le développement d’un logiciel, qui peut prendre
la forme d’une application pour tablette ou smartphone.
Celui-ci, porté le plus
souvent par un nouvel entrant, s’insère dans la chaîne de valeur et en améliore
la fluidité, la fiabilité, la transparence ; il facilite la vie des
utilisateurs et clients … tout en produisant des masses de données, profilées et
exploitables (le « big data », perçu comme le nouvel or noir, avec sa
ruée associée).
Puis, l’exploitation de celles-ci permet au nouvel acteur de
capter une part croissante de la valeur, en modifiant, à son profit, la
distribution préexistante de celle-ci.
Connaître et mesurer pour agir
Établir un point
de départ (en matière de géométrie, de nature des constituants, de performances
…) est un préalable à tout diagnostic, lequel peut être suivi d’une préconisation
de travaux puis d’un suivi de la bonne atteinte des améliorations visées par
ceux-ci.
Selon les cas, ces
données peuvent être acquises par des scanners 3D, de la photographie, de la thermographie
infrarouge, de la décomposition par postes de la consommation énergétique (en
général connue uniquement sous forme agrégée).
Elles vont
ensuite alimenter les outils de la maquette numérique (cf la Directive européenne 2014/24)
ou des logiciels de calcul thermique, d’analyse de cycle de vie mais aussi de calepinage et, derrière, de commande
numérique d’outils industriels, voire d’imprimantes 3D de « fab lab ».
Puissance du détenteur de données
On comprend aisément
l’intérêt que l’opérateur de tels dispositifs, en général connectés, peut tirer
de la banque de données qu’il se crée ainsi, au fur et à mesure, chez lui ou
dans le « cloud ».
Prenons l’exemple
d’une société qui, à l’aide capteurs connectés, permet à l’occupant d’un
logement/bâtiment de connaître, par grands postes, sa consommation d’électricité.
Ce diagnostic individuel
est précieux car il permet d’identifier où et comment faire économies.
Cependant, au-delà
de cette première utilisation, on peut imaginer une série de services enrichis qui
s’appuient sur l’exploitation de l’ensemble de la base de données (dont ce
diagnostic individuel n’est qu’un élément) pour, par exemple :
- Comparer les performances dudit logement/bâtiment à celles d’une cohorte d’espaces bâtis similaires (typologie, âge, climat, usage …),
- Lister, pour cette cohorte, ce qu’ont été les mesures de maîtrise de la demande d’électricités suivies ou les travaux d’amélioration réalisés (à l’instar de ce qui se passe dans une librairie en ligne qui signale à l’acheteur d’un livre quels autres achats les acquéreurs du même ouvrage ont effectués),
- Proposer une liste de prestataires susceptibles de réaliser des travaux d’amélioration de la performance dudit logement/bâtiment, regroupés, après sélection, sur une plate-forme pilotée par la société en question. Une telle plate-forme garantira au client un suivi et une maîtrise des coûts et délais.
Ce n’est là qu’un
exemple, qui n’a rien de virtuel et qui permet d’illustrer comment les entreprises,
éventuellement des « pure players » du numérique, peuvent se servir des
données massives (big data)
pour produire de nouveaux services et les vendre, soit auprès de leurs clients
naturels, soit à d’autres entreprises de la filière.
La
philosophie d’une des vingt-et-une start-up ambassadrices de la French Tech à la COP21,
Intent Technologies, est : Transformez vos bâtiments en
plateforme de services.
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