Ce blog, consacré à la problématique bâtiment - ville et énergie, souhaite apporter sur ce vaste sujet quelques éléments de réflexion utiles.

À cette fin, il incorpore de nombreux liens vers des sites et articles qualifiés.

mardi 7 juillet 2015

Big Data et bâtiment

Photograhie TBB

En mars dernier, le salon international de l’immobilier, MIPIM, a organisé une série de  conférences et événements sur le thème de l’impact de la transition numérique sur le secteur (are you ready for the digital revolution ?).

Comme tous les domaines d’activité, celui du bâtiment, et plus largement celui de l’espace urbain, amorce une mue, sans doute profonde, permise par la numérisation croissante des échanges entre les acteurs et par la capacité à traiter et exploiter des quantités toujours plus grandes de données.
Face au champ des possibles, gigantesque et passionnant, où tout devient « smart1 », est-il possible d’identifier quelques axes structurants et durables ?

Dans tous les secteurs d’activité, il apparaît que connaître les habitudes, le comportement, le profil de l’usager final devient un enjeu.
De spectaculaires achats de bases de données, de fichiers de clientèle, de fournisseurs d’équipements communicants et connectés font régulièrement la une des médias, tant cette connaissance intime des ac(he)teurs est perçue comme essentielle, porteuse de développement et ceci d’autant plus que la capacité d’exploiter de gigantesques quantités de données se popularise rapidement.

L’arrivée des GAFA2, mais aussi de jeunes start-up, sur des secteurs d’activité ancrés dans la tradition, comme l’est celui du bâtiment, surprend, voire inquiète (confer l’étude Gafanomics de FaberNovel). Un exemple de ces mouvements de grande ampleur est l’achat, en janvier 2014, de la start-up Nest Labs (fondée en 2010 et produisant des objets de la maison connectés) par Google, pour 3,2 G€.  

Ainsi des objets de notre environnement domestique, comme des thermostats ou des détecteurs de fumée, deviennent-ils potentiellement porteurs de nouveaux services, grâce à leur capacité à capter et à transmettre un nombre croissant de données.
En effet, en sus des problématiques classiques de la maîtrise de la demande d’énergie, de la sécurité au sens large ou encore du maintien à domicile, on peut anticiper une grande créativité dans la proposition de nouveaux services qu’une connaissance fine du profil des occupants permettra d’individualiser de façon poussée sans pour autant perdre les effets d’échelle, ni la capacité à produire des statistiques de comportement et de consommation sur des effectifs d’une taille inconnue à ce jour.

L’optimisation de la consommation énergétique du bâtiment et l’intégration communicante de celui-ci dans les réseaux bénéficient de l’exploitation des données massives, captées sur site, analysées et exploitées pour le pilotage des équipements.
Pour autant, c’est probablement à l’échelle du quartier que la maîtrise intelligente du « Big Data » produira ses effets les plus spectaculaires en matière d’implication du bâti dans la transition énergétique. En effet, le décalage des profils de consommation en fonction des usages des bâtiments composant ledit quartier permet de lisser les courbes, de réduire les pics et de valoriser les énergies fatales des uns au profit des autres. De la même façon, la production locale d’électricité d’origine renouvelable et son stockage se conçoivent mieux à l’échelle du quartier qu’à celui du seul bâtiment individuel.

La transition énergétique et la transition numérique (tant pour ce qui relève du BIM que de la connaissance fine des acteurs permise par l’exploitation du Big Data) sont deux axes passionnants qui font avancer, et pour longtemps encore, la construction.     

Dans le rapport qu’elle a remis au Président de la République en 2013, la Commission Innovation 2030 a identifié sept ambitions parmi lesquelles figure « la valorisation de données massives (Big Data) ».

Pour celle-ci, cinq leviers d’action sont proposés dans le rapport, à savoir :
  • Ouvrir les données publiques, rendues anonymes, pour favoriser la création de start-up et créer des écosystèmes en France par la valorisation de certains usages à des fins commerciales
  • Faire changer d’échelle les entreprises françaises en lançant des défis de valorisation de stocks de données massives
  • Créer un droit à l’expérimentation
  • Créer un centre de ressources technologiques
  • Renforcer la capacité à l’export des PME du Big Data


1   On parle ainsi de « smart grids », de « smart buildings », de « smart cities » où smart renvoie à des termes comme « intelligent », rusé, connecté.  

2   Acronyme regroupant les noms de quatre géants de l’Internet : Google – Apple – Facebook – Amazon.