Photograhie TBB
En mars dernier, le salon international de l’immobilier,
MIPIM, a organisé une série de
conférences et événements sur le thème de l’impact de la transition
numérique sur le secteur (are you ready for the digital revolution ?).
Comme tous les domaines d’activité, celui du bâtiment, et
plus largement celui de l’espace urbain, amorce une mue, sans doute profonde,
permise par la numérisation croissante des échanges entre les acteurs et par la
capacité à traiter et exploiter des quantités toujours plus grandes de données.
Face au champ des possibles, gigantesque et passionnant, où
tout devient « smart1 », est-il possible d’identifier
quelques axes structurants et durables ?
Dans tous les secteurs d’activité,
il apparaît que connaître les habitudes, le comportement, le profil de l’usager
final devient un enjeu.
De spectaculaires achats de bases
de données, de fichiers de clientèle, de fournisseurs d’équipements
communicants et connectés font régulièrement la une des médias, tant cette
connaissance intime des ac(he)teurs est perçue comme essentielle, porteuse de
développement et ceci d’autant plus que la capacité d’exploiter de gigantesques
quantités de données se popularise rapidement.
L’arrivée des GAFA2, mais
aussi de jeunes start-up, sur des secteurs d’activité ancrés dans la tradition,
comme l’est celui du bâtiment, surprend, voire inquiète (confer l’étude Gafanomics de
FaberNovel). Un exemple de ces mouvements de grande ampleur est l’achat, en
janvier 2014, de la start-up Nest Labs
(fondée en 2010 et produisant des objets de la maison connectés) par Google,
pour 3,2 G€.
Ainsi des objets de notre
environnement domestique, comme des thermostats ou des détecteurs de fumée,
deviennent-ils potentiellement porteurs de nouveaux services, grâce à leur
capacité à capter et à transmettre un nombre croissant de données.
En effet, en sus des problématiques
classiques de la maîtrise de la demande d’énergie, de la sécurité au sens large
ou encore du maintien à domicile, on peut anticiper une grande créativité dans
la proposition de nouveaux services qu’une connaissance fine du profil des
occupants permettra d’individualiser de façon poussée sans pour autant perdre
les effets d’échelle, ni la capacité à produire des statistiques de
comportement et de consommation sur des effectifs d’une taille inconnue à ce
jour.
L’optimisation de la consommation
énergétique du bâtiment et l’intégration communicante de celui-ci dans les
réseaux bénéficient de l’exploitation des données massives, captées sur site,
analysées et exploitées pour le pilotage des équipements.
Pour autant, c’est probablement à
l’échelle du quartier que la maîtrise intelligente du « Big Data » produira
ses effets les plus spectaculaires en matière d’implication du bâti dans la transition énergétique. En effet, le décalage des profils de consommation en fonction
des usages des bâtiments composant ledit quartier permet de lisser les courbes,
de réduire les pics et de valoriser les énergies fatales des uns au profit des
autres. De la même façon, la production locale d’électricité d’origine renouvelable
et son stockage
se conçoivent mieux à l’échelle du quartier qu’à celui du seul bâtiment
individuel.
La transition énergétique et la
transition numérique (tant pour ce qui relève du BIM
que de la connaissance fine des acteurs permise par l’exploitation du Big Data)
sont deux axes passionnants qui font avancer, et pour longtemps encore, la
construction.
Dans le rapport
qu’elle a remis au Président de la République en 2013, la Commission
Innovation 2030 a identifié sept ambitions parmi lesquelles figure « la
valorisation de données massives (Big Data) ».
Pour celle-ci, cinq leviers d’action sont proposés dans le rapport, à
savoir :
|
1 On
parle ainsi de « smart grids », de « smart buildings », de « smart
cities » où smart renvoie à des termes comme « intelligent », rusé, connecté.
2 Acronyme regroupant les noms de quatre géants de
l’Internet : Google – Apple – Facebook – Amazon.